lundi 21 février 2011

Les forages libéraux

par Étienne Félix

« Non aux gaz de schistes !  Un moratoire dès maintenant ! »  Ce sont des phrases que nous entendons et lisons souvent depuis septembre 2010. Avec les désastreuses soirées d’information de l’Association pétrolière et gazière du Québec (APGQ), au moins 70 % des Québécois semblent ligués contre l’exploration et l’exploitation des gaz de schistes et demandent un moratoire sur les forages gaziers dans la Vallée du Saint-Laurent.  

Les groupes écologistes, comme l’Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique, demandent l’arrêt complet de l’exploitation des gaz de schistes. D’autres personnes veulent étudier la question et trouver, si possible, des moyens sécuritaires et écologiques (ce serait étonnant!) d’exploiter les gaz de schistes. Autre hydrocarbure qui dérange les groupes écologistes québécois: les gisements de pétrole dans l’estuaire et le golfe du Saint-Laurent, dont le fameux gisement Old Harry, disputé entre le Québec et Terre-Neuve-et-Labrador.

Mais commençons par le commencement en faisant un bref retour dans le passé. En 1969, le gouvernement du Québec crée la Société québécoise d’initiatives pétrolières (SOQUIP), une société d’État ayant pour but de promouvoir l’exploitation des hydrocarbures au Québec et d’en évaluer les ressources. À cette époque, on ne connaissait pas encore les gaz de schistes, mais seulement le gaz naturel « traditionnel » et on exploitera un gisement de gaz naturel dans le coin de Saint-Flavien. Mais quand le gisement sera épuisé, il ne se passera rien dans le domaine des hydrocarbures au Québec pendant près de 20 ans.

En 2002, il y aura un regain d’intérêt pour l’exploitation du pétrole et du gaz au Québec et Hydro-Québec, alors dirigée par un certain André Caillé, investira beaucoup d’argent dans l’exploitation des hydrocarbures. Le gouvernement péquiste de l’époque va établir le Plan d’exploitation pétrole et gaz naturel au Québec, 2002-2010 et créera une division d’Hydro-Québec chargée d’exploiter les hydrocarbures, Hydro-Québec Pétrole et Gaz. Le gaz naturel et le pétrole auraient donc été exploités par le secteur public et cela aurait généré plus de revenus pour l’État. Mais en 2003, le gouvernement libéral de Jean Charest va jeter ce projet à la poubelle et vendre tous les permis d’exploration pétrolière et gazière d’Hydro-Québec à des entreprises privées.

Le pire, ce sont les permis d’exploitation autour de l’Ile d’Anticosti qui auraient pu rapporter des milliards de dollars à l’État québécois et qui ont été vendus pour une bouchée de pain aux entreprises privées Pétrolia et Corridor Ressources. Et quand on a découvert les réserves de gaz de schistes dans la Vallée du Saint-Laurent, le gouvernement a vendu des permis d’exploration à 10¢ l’hectare par année, alors qu’on les vend au moins 1000$ l’hectare par année en Colombie-Britannique! Donc, résumons: le gouvernement Charest a privé le Québec de plusieurs milliards de dollars et permet à des sociétés gazières de s’installer chez des citoyens privés sans leur autorisation pour 10¢ l’hectare par année!  Merci quand même monsieur Charest!

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